Le Major Styffe est tombé dans la bataille pour la libération de Maizières
Comme nous l’a raconté un habitant de Maizières, Marcel Levernieux, après la libération de Caen par les Anglais et les Canadiens le 19 juillet, l’armée allemande, massée au sud, résiste pied à pied et oblige la population à partir vers Falaise.
La 1ère armée canadienne est chargée d’ouvrir la route de Falaise. Mais les Canadiens se heurtent à une très forte résistance allemande, notamment le 9 août à la côte 111 entre Estrées et Rouvres et le 10 au bois du Quesnay, entre Grainville-Langannerie et Potigny.
L’armée canadienne lance une grande offensive le 14 août depuis Estrées – Soignolles contre la ligne de défense allemande du Laizon, tenue entre autres, par une partie de la 12e Panzer SS du tristement célèbre Kurt Meyer. Le régiment du Major Styffe, le Lac Supérieur, qui fait partie de la 4e division blindée canadienne, est chargé de couvrir les chars pendant l’attaque. Pris sous le feu de l’artillerie adverse, le Major Styffe est mortellement blessé. Il est enterré à la hâte car l’offensive doit se poursuivre : en fin d’après-midi, au prix de durs combats, toutes les troupes canadiennes ont réussi à franchir le Laizon et à faire reculer l’ennemi.
Le 17 août, Falaise est libérée et le 22, la poche de Falaise est refermée à Chambois, grâce, entre autres, à l’action des Polonais. La bataille de Normandie est terminée.
En septembre, à leur retour, beaucoup d’habitants de Maizières retrouvent leurs maisons dévastées. Des libérateurs, on n’avait rien vu, on ne savait rien, mais Marcel et Bernard Levernieux remarquent, près du calvaire, sur la route d’Argences, une tombe provisoire avec un casque canadien posé dessus. Ils entourent la tombe de rondins de bouleau pour la protéger des animaux en divagation.
Quelques jours plus tard, une infirmière et un officier de l’armée canadienne viennent remercier ceux qui ont pris soin de la tombe du Major Styffe et se présentent : Mary, sa femme, le Major Hobart Styffe, son frère.
C’est ainsi que le soldat inconnu de Maizières trouve un nom : Edward Styffe. Son corps venait d’être transféré au cimetière canadien de Cintheaux.
Et le Major Styffe est oublié pendant plus de cinquante ans, sauf par la famille Levernieux.
14 août 1944